Médecin et docteur en sciences, il s'était fait connaître du grand public grâce à ses livres.
La mort a été plus forte que le succès. David Servan-Schreiber, 50 ans, s'est éteint dimanche à son domicile parisien d'une récidive en 2010 d'un cancer du cerveau. Il se savait depuis quelques mois irrémédiablement atteint. En juin dernier, il avait publié un court récit chargé d'émotion, On peut se dire au revoir plusieurs fois, dans lequel il analysait de manière courageuse et lucide les avancées inexorables de sa maladie.
Médecin, docteur ès sciences, auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation médicale qui avaient recueilli un écho considérable auprès du grand public, David Servan-Schreiber était issu d'une prestigieuse dynastie. Il était l'un des trois fils de Jean-Jacques Servan-Schreiber, figure marquante de la vie politique française des années 1970. Après des études de médecine en France, il part aux États-Unis, où il est nommé professeur assistant de psychiatrie à la faculté de médecine de Pittsburgh dans les années 1990 et dirige la division de psychiatrie de l'hôpital Shadyside du centre médical de l'Université de Pittsburgh de 1997 à 2001. Dans le cadre de ses recherches neuropsychologiques, il finit par étudier aussi les effets des médecines douces complémentaires, en particulier sur les patients atteints de problèmes psychiatriques.
De retour en France, c'est la publication de son livre Guérir qui le fait connaître du grand public et le propulse sur le devant de la scène. Fervent défenseur des mécanismes d'autoguérison présents dans le cerveau humain, David Servan-Schreiber propose dans ce qui deviendra rapidement un best-seller, un ensemble de méthodes faisant appel au corps plutôt qu'au langage pour comprendre et traiter la dépression et la souffrance mentale. Il y popularise notamment la technique du EMDR, qui vise à soigner les patients par des mouvements oculaires. Vendu à 1,3 million d'exemplaires et traduit en 28 langues, Guérir a connu un succès international.
«Fais les choses importantes que tu as à faire»
En 2007, David Servan-Schreiber publie un second ouvrage, Anticancer, vendu dans le monde à plus d'un million d'exemplaires, où il parle de sa propre expérience du cancer. Soigné initialement par la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, il évoque l'importance, essentielle d'après lui, des défenses naturelles du corps contre le cancer en complément des traitements conventionnels. Il décrit les changements de style de vie qui contribuent à prévenir la maladie ou à suppléer aux traitements conventionnels pour ralentir son évolution et participer à la guérison. Le livre est un best-seller.
Paradoxalement, c'est le cancer auquel il a résisté plus de vingt ans qui l'a finalement terrassé. Son dernier ouvrage-testament se voulait néanmoins un plaidoyer des méthodes dont il s'était fait le défenseur. A cette occasion il évoquait aussi sa fin prochaine «La mort fait partie du processus de vie, tout le monde y passe. En soi, c'est très rassurant. Profites-en maintenant, fais les choses importantes que tu as à faire», déclarait-il dans une interview donnée à l'occasion de la sortie du livre.
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Article Le Figaro / 25 Juillet 2011